Ça commence un certain matin de fin septembre, une petite fleur parme sort doucement de terre et révèle, en ouvrant sa corolle, trois stigmates rouge intense : le safran.
La récolte a lieu tous les ans au mois d’octobre (voire fin septembre-début novembre). La fleur de safran sort de terre aux aurores, elle s’épanouit en début de matinée et meurt en deux jours. Cette vie éphémère rend le travail de safraniers très intense à cette période. Tous les jours, il faut récolter délicatement les fleurs, puis les émonder, c’est dire séparer les pistils de la fleur.
La période de plantation des bulbes s’étale de juin à aout. Ils sont disposés les uns à côté des autres à une quinzaine de centimètre de profondeur avec assez d’espace entre eux pour se développer. Après une période de dormance durant l'été, les bulbes se réveillent en septembre et les feuilles font leur apparition. Les fleurs de safran ne fleurissent que durant le mois d’octobre. Tout l’hiver les feuilles continuent de pousser puis se fanent au printemps, période où le bulbe retombe en dormance. C’est pendant cette période que s’effectue la rotation. Elle a lieu tous les 3 ou 4 ans. Il faut sortir manuellement tous les bulbes de terre, séparer le bulbe-mère des petits bulbes, les calibrer, les dénombrer puis les replanter sur un terrain vierge. Comme la plupart de mes confrères, mon safran est entièrement produit de façon manuelle: la récolte, l’émondage, la rotation mais aussi le désherbage constant des parcelles. Cela explique en partie son prix élevé. Il faut également un très grand nombre de fleurs pour obtenir une quantité commerciale de safran.
Cette opération peut durer des heures en fonction de la quantité de fleurs ramassée. En moyenne, un bon safranier émonde 500 fleurs à l’heure, ce qui représente 3-4 g de safran sec. Le séchage est l’étape la plus délicate. La méthode est propre à chaque producteur, pour ma part j’utilise un déshydrateur. Cette opération demande beaucoup de précision car un mauvais séchage peut ruiner une récolte.